Sonos entame une incursion dans le streaming audio
Le fabricant d'enceinte américain se lance sur le marché du streaming musical avec son offre Sonos Radio. Le constructeur qui jusqu'ici se contentait d'embarquer des plateformes comme Spotify ou Apple Music poursuit son émancipation et se dirige vers un écosystème audio complet.
Si Sonos était jusqu'ici considéré comme un constructeur d'enceintes neutres embarquant diverses plateformes de streaming audio, l'américain entame une sorte d'émancipation vis-à-vis de partenaires comme Spotify. Mercredi, la société basée en Californie a annoncé le lancement de son propre service d'écoute en ligne baptisé « Sonos Radio », mettant à disposition de ses 10 millions d'utilisateurs dans le monde, 60.000 stations de radios locales et internationales.
Concrètement, cette offre ressemble à quelques détails près aux plateformes de streaming actuelles. Financée en partie par la publicité, elle veut faire valoir aux annonceurs « une audience premium ». Outre les stations de radios habituelles, elle se compose de plusieurs « stations » proposant un ensemble de playlists et de programmes originaux. Ces derniers, réalisés à New York par une équipe d'une dizaine de personnes, ne seront d'abord disponibles que dans 5 pays (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Irlande et Australie) avant d'arriver « prochainement » en France.
Virage stratégique
Pour le constructeur aux 562 millions de chiffres d'affaires au premier trimestre 2020, le lancement de Sonos radio constitue un énième virage stratégique. Presque deux ans après son introduction en Bourse, elle multiplie les risques. D'abord focalisée sur les équipements audios d'intérieur via une connexion wifi, la société a lancé en septembre 2019, une enceinte Bluetooth mobile baptisée « Move ».
Désormais, elle vise donc les services. « C'est une étape essentielle pour faire vivre notre marque, nous cherchons toujours à construire des outils globaux », indique Ryan Taylor, directeur général de Sonos Radio. Entre 2018 et 2019, le chiffre d'affaires de la branche « partenariats et autres » excluant ainsi les ventes d'enceintes est passé de 15,3 millions de dollars à 65,2 millions de dollars.
Bien que Sonos avance que son service permettra de les mettre en avant, Sonos marche de plus en plus sur les plates-bandes de ses partenaires. Jusqu'ici tributaire des systèmes d'assistants vocaux de Google et d'Amazon, elle a déboursé 34 millions d'euros en novembre dernier afin de mettre la main sur la start-up française spécialisée dans la technologie d'assistant vocal embarquée Snips.
Aujourd'hui, si elle affirme que son offre répond d'abord au constat que « la moitié du temps d'écoute » sur son application « est consacrée à l'écoute de la radio », Ryan Taylor, conçoit que le choix de ce format est aussi une manière « moins menaçante » pour les partenaires de l'entreprise d'être présent sur ce marché. En se lançant avec l'aide de « Napster » (anciennement Rhapsody), pionnier de la musique en ligne reconverti dans le streaming B2B, la société s'épargne les longues tribulations visant à obtenir des accords de licence globale. Si cette nouvelle offre venait à faire ses preuves, Sonos pourrait continuer à faire parler, autrement que pour ses enceintes. Avec, dans le viseur, l'ambition de créer un écosystème complet du hardware, au software. Une stratégie n'étant pas sans rappeler celle d'une autre société américaine, Apple.
Jean-Philippe Louis