Nike et Coca veulent continuer les importations de produits fabriqués de force par les Ouïgours en Chine

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Nike et Coca veulent continuer les importations de produits fabriqués de force par les Ouïgours en Chine

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"Les vies ouïgoures comptent " : Manifestation à Washington réclamant d'arrêter les échanges économiques avec la Chine pour stopper l'oppression des Ouïgours
"Les vies ouïgoures comptent " : Manifestation à Washington réclamant d'arrêter les échanges économiques avec la Chine pour stopper l'oppression des Ouïgours
© AFP - CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA via AFP

Nike et Coca œuvreraient en toute discrétion contre un projet de loi américain prévoyant d'interdire les importations de biens fabriqués grâce au travail forcé de la minorité ouïgoure dans la région du Xinjiang en Chine.

Les grandes marques du textile, de l’électronique, de l'agroalimentaire sont accusées de faire appel à des sous-traitants chinois faisant travailler de force des Ouïgours, cette minorité musulmane que l'État chinois opprime. Dans le viseur : Adidas, Nike, Zara, Apple et même Coca-Cola avec le sucre qu'elle utilise pour fabriquer sa boisson numéro un.

Le Congrès américain examine en ce moment un projet de loi visant à interdire toute importation aux USA de produits ayant été entièrement ou en partie fabriqués dans la région chinoise du Xinjiang où est concentrée la population ouïgoure. Ce projet de loi intitulé Loi sur la prévention du travail forcé des Ouïgours a reçu le soutien d'élus républicains et démocrates et a déjà été approuvé par la Chambre des représentants (par 406 voix contre trois). Il lui reste maintenant à passer devant le Sénat, et pourrait être signé soit par l'administration Trump, soit par l'administration Biden, selon le New York Times.

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Or, des entreprises dépensent actuellement sans compter pour faire échouer ce projet de loi. Comme par exemple Apple, Nike et Coca-Cola qui se livrent (selon le New York Times qui a consulté les dossiers) à un lobbying très actif à Washington dans un seul but : affaiblir le texte.

Pékin dit lutter contre "l'extrémisme religieux"

Au nom de la lutte contre "l'extrémisme religieux", Pékin a notamment ouvert des camps de rééducation, officiellement qualifiés de "centres de formation professionnelle".

Les Ouïgours y sont enfermés, et doivent abandonner la religion musulmane. D'après les organisations de défense des droits de l'homme, au moins un million de personnes y ont été internées depuis 2017.

Après plusieurs mois dans ces camps, ces hommes et ces femmes sont jugés aptes au travail. Ils représentent  une main d'œuvre docile et très bon marché pour les autorités chinoises.

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Envoyés dans les usines du Xinjiang, ils ne sont pas libres de leurs mouvements, et sont surveillés électroniquement ou par des gardes de sécurité. Certains sont emmenés de force dans d'autres usines du pays, loin de leurs familles.

Une liste de 82 entreprises impliquées

Un rapport australien très fourni sur le travail forcé des Ouïgours en Chine a été publié en mars dernier par l'ONG ASPI . Il est intitulé : "Des Ouïgours à vendre".

Ce rapport accuse le gouvernement chinois d'organiser le travail forcé de la minorité ouïgoure, dans des usines de sous-traitants des grandes marques internationales. 82 multinationales sont nommées comme étant des entreprises travaillant en 2019 avec ces sous-traitants exploitant les Ouïgours. 

Parmi les marques citées : Abercrombie & Fitch, Adidas, Alstom, Amazon, Apple, ASUS,  BMW,  Calvin Klein, Electrolux, Gap, Google, H & M, Huawei, Lenovo, LG, Microsoft, Samsung, Tommy Hilfiger, Uniqlo, Victoria’s Secret,  Volkswagen, etc.

La plupart des marques préfèrent nier

Dans un communiqué, Coca-Cola précise "interdire tout type de travail forcé dans sa chaîne de fabrication" .

Concernant le texte américain à Washington, les lobbyistes de marques comme Nike ou Coca-Cola affirment être "contre toute forme de travail forcé" mais préviennent : les contraintes imposées par la loi pourraient faire des ravages sur les chaines de production chinoises. Le Xinjiang produit beaucoup de matières premières comme le coton, le charbon, le sucre, et le polysilicium, et fournit les usines chinoises de chaussures et de vêtements.

Chez Nike, Greg Rossiter, directeur de la communication, maintient que la marque "n'a pas fait de lobbying contre le texte" mais a au contraire eu des "discussions constructives" avec des personnes travaillant au Congrès américain "afin d'éliminer le travail forcé et protéger les droits de l'homme". Selon Nike, aucun de ses produits n'a été identifié comme venant du Xinjiang et ses fournisseurs chinois n'utilisent pas de produits venant de cette région. Sauf que l'usine travaillant dans le Xinjiang pour Nike aurait employé environ  800 femmes ouïgoures fin 2019 et près de sept millions de paires de chaussures Nike en sont sorties. Cette usine est entourée de barbelés et de gardes, comme le montre cette photo tweetée par une journaliste australienne :

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Au pied du mur, certaines marques prennent des engagements

En septembre dernier, le géant suédois H&M a annoncé rompre toute relation avec son fournisseur chinois qui faisait fabriquer des vêtements dans la région. 

Une décision qui est arrivée un mois après l'annonce du groupe français Lacoste :

"Nous cessons toute activité avec des fournisseurs et sous-traitants impliqués dans l’exploitation des travailleurs forcés ouïgours."

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