Stéphane Gaudry : "La quasi-totalité du personnel soignant se sent abandonnée par la population et l'exécutif"

Lit d'Hôpital ©Radio France
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Emmanuel Macron annonce son de plan de réouverture du pays, Stéphane Gaudry professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny est notre invité de 6h20

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  • Stéphane Gaudry Professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny

Ce jeudi, le calendrier du déconfinement prévu par Emmanuel Macron a été révélé. Comment le personnel soignant le perçoit-il ? "C'est compliqué : d'un point de vue personnel, on a tous envie de reprendre une vie normale, comme on l'avait avant. Sur ce plan-là, on est plutôt content. Mais sur le plan de la réalité du terrain, la situation est très très mauvaise, les services sont saturés, il y a encore 40% à 60% de déprogrammations", explique Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny

"Pour être très clairs, nous sommes au pire moment de la troisième vague, nous sommes au moment où il y a le plus de patients dans nos services, et cela dure depuis quinze jours", explique le médecin. Même si une baisse est attendue, celle-ci ne suffira pas, selon lui, à permettre la reprogrammation des interventions déprogrammées. 

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Quel planning, aujourd'hui, pour un soignant à l'hôpital ? "Pour les médecins réanimateurs, c'est en fonction de l'âge, entre 5 et 10 gardes par mois. Les gardes se rajoutent à un temps de travail normal, on a des personnes qui font entre 70 et 90 heures par semaines, sans vacances. L'épuisement est majeur. On a de la chance dans notre service d'être très très soudés, ce n'est pas le cas partout", selon Stéphane Gaudry. 

Les choix d'Emmanuel Macron sont-ils des paris ou non, comme l'affirme le Président ? Pour Stéphane Gaudry, "il y a eu une prise de décision que je pense être mauvaise, bien qu'il y ait eu beaucoup de bonnes décisions. Mais la mauvaise décision, c'est de ne pas avoir pris une mesure de freinage très forte fin janvier ou en février. Si ça avait été fait, et il aurait fallu le faire, nous aurions une situation beaucoup plus claire aujourd'hui (...). La quasi-totalité du personnel soignant se sent abandonné, il n'y a plus de soutien". 

Quelle mesure semble la plus inquiétante ? "Ce qui inquiète le plus, ce ne sont pas les mesures de réouverture, c'est le message envoyé à la population", répond le médecin. "Quand on dit aux gens que tout va bien, ils font moins attention".

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