Qu'est-ce que le macronisme ? épisode 457

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Retour du débat sur le clivage gauche/droite.

En 2017 l’idée du dépassement de ce clivage s’était imposée avec la victoire d’Emmanuel Macron. Mais n’ayant pas pu (ou voulu) constituer une force politique aux contours idéologiques lisibles, c’était de la pratique du pouvoir qu’on attendait de découvrir la nature du clivage alternatif. 

Pour définir le macronisme (non, je n’y ai pas renoncé pendant les vacances !), on est finalement obligé de recourir à la vieille grille de lecture gauche/droite. 

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Les électeurs d’Emmanuel Macron venus de la gauche sont aujourd’hui plus déçus que ceux issus de la droite. C’est un signe. Le macronisme est donc un objet politique mal défini dont on sait juste qu’il se déplace vers la droite. Mais le dépassement gauche-droite reste une aspiration populaire. Xavier Bertrand, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg, chacun à sa façon l’exprime, raisonne en peuple/élite, dominés/dominants ou enracinés/mondialisés !  

Mais une enquête IPSOS/ CEVIPOF démontre que le clivage gauche/droite a encore de beaux restes.  

Oui, pour la première fois depuis longtemps, le nombre de Français estimant qu’il y a bien une gauche et une droite, augmentent. Par exemple, une droite réactionnaire s’assume maintenant comme telle. Le macronisme, lui, tente de reformuler son idée de dépassement pour la campagne qui s’ouvre. 

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, parle (dans Le Monde) d’esprit de conquête versus esprit de repli pour remplacer les insatisfaisants ouvert vs fermé et progressistes vs conservateurs. Formulation qui conforte le pan droit du macronisme. 

Pour un électeur de droite, Conquête c’est offensif (on conquiert des droits, mais aussi des marchés). Peu importe les mots, c’est dans la pratique et le concret que le précipité chimico-politique finira peut-être par donner un objet identifiable.

Un exemple : Quand à Marseille, le président promeut l’autonomisation des chefs d’établissement pour créer des projets pédagogiques novateurs. Il tente du dépassement gauche/droite : de la droite (autonomie des établissements scolaires) et de la gauche (éducation par l’épanouissement plus que par l’autorité et la sélection). 

L’échec (relatif mais constant) d’Emmanuel Macron, c’est que l’électeur de gauche verra dans cet exemple surtout une brèche dans le principe d’égalité d’unité des établissements scolaires sur le territoire et l’électeur de droite y verra un horrible avatar du pédagogisme de mai 68. 

Pour qu’un dépassement soit lisible positivement et non pas comme une double trahison, il faudrait que LREM puisse inscrire cette décision dans une cohérence globale, avoir des avis à faire valoir et qui pèsent sur les décisions présidentielles. 

De même, la façon qu’a le président de jouer –tout seul- du suspens à propos des éventuels décrets sur les retraites, par exemple, montre bien que tout se décide à l‘Elysée, que les solutions ne viennent pas d’aspirations populaires incarnées par un mouvement politique. L’impression, au contraire, d’une expertise solitaire, du règne du bon-vouloir présidentiel, nuit à la construction d’une offre politique collective, cohérente, nuit à la clarification de nouveaux clivages… donc à la qualité de la démocratie.   

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