"Grosse pute" : un policier suspendu après avoir insulté une victime d'agression sexuelle, l'IGPN saisie

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"Grosse pute" : un policier suspendu après avoir insulté une victime d'agression sexuelle, l'IGPN saisie

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Conférence de presse de la directrice de l'IGPN, Brigitte Jullien, en juin 2019.
Conférence de presse de la directrice de l'IGPN, Brigitte Jullien, en juin 2019.
© Maxppp - Olivier Lejeune

Mediapart a révélé ce mardi qu'un policier avait insulté, début février, une femme victime d'agression sexuelle à Paris. La préfecture de police de Paris a immédiatement réagi et annoncé avoir saisi l'IGPN. Elle demande également la suspension de l'agent en question.

La préfecture de police de Paris a annoncé ce mardi dans un communiqué avoir saisi l'IGPN, "la police des polices", après des "propos inadmissibles tenus par un fonctionnaire de police à l'égard d'une victime d'agression sexuelle". Dans un enregistrement révélé ce mardi par le site d'investigation Mediapart, un policier, dont le téléphone était mal raccroché, qualifie à plusieurs reprises une femme de "pute". Cette dernière venait de porter plainte pour agression sexuelle.

"Le préfet de police a immédiatement saisi l'IGPN et demandé la suspension à titre conservatoire du fonctionnaire", explique la préfecture. "Aucun comportement offensant ou injurieux ne sera toléré de la part d’un fonctionnaire de police, vis-à-vis d’une victime", est-il souligné dans le communiqué, la préfecture rappelant son "plein engagement pour améliorer l'accueil et la prise en charge des victimes de violences conjugales et sexuelles" dans les commissariats.
 

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Plainte déposée pour "agression sexuelle en état d'ivresse"

Tout commence dans la nuit du 4 au 5 février. La jeune femme de 34 ans dépose plainte auprès de policiers du commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris pour "agression sexuelle en état d'ivresse". Dans son procès-verbal consulté par Mediapart, la victime raconte sa soirée dans le quartier latin. Elle explique avoir croisé un groupe dans la rue et avoir "senti des doigts caresser [sa vulve]  d'avant en arrière" et, après hésitation, avoir alerté les forces de l'ordre. 

L'agresseur désigné est interpellé et une enquête de flagrance est ouverte. La jeune femme dit avoir été écoutée lors de son audition au commissariat, même si une question d'un policier sur sa tenue vestimentaire l'a interpellée.

"Elle refuse la confront' en plus, la pute"

De retour chez elle, elle reçoit un appel du commissariat de la part d'un policier qui n'est pas celui qui a recueilli sa plainte. On entend : "Oui, bonjour, commissariat de police de Paris des Ve et VIe arrondissements. Je vous rappelle par rapport à ce qui s'est passé hier. Écoutez, merci de me rappeler au plus vite. J'aurais besoin de vous réentendre sur les  faits."

Le policier croit ensuite terminer son appel, mais le combiné est mal raccroché. On l'entend ensuite plaisanter avec l'une de ses collègues. "Je la rappellerai de toute façon parce que là, elle doit être en train de cuver !

Une nouvelle fois, le policier, ne se sachant pas en ligne, poursuit : "Putain, elle refuse la confront' [confrontation, ndlr] en plus la pute. En fait c'était juste pour lui [l'agresseur désigné] casser les couilles, je suis sûr (...). Déjà elle fout une mandale au  mec, et après elle va vouloir une confrontation histoire de lui péter la gueule encore plus sur l’audition… Putain, grosse pute." Après quelques secondes de silence, le téléphone est finalement raccroché.

Suite aux révélations de Mediapart, le collectif féministe Nous Toutes a publié un communiqué, dénonçant un "enregistrement glaçant", qui est "l’énième illustration d’une prise en charge catastrophique de bon nombre de femmes victimes de violences sexuelles par les forces de l’ordre." Le collectif appelle le gouvernement à prendre des mesures immédiates, notamment "former de manière  systématique et obligatoire l’ensemble des forces de l’ordre à l’accueil et la prise en charge des victimes de violences."

Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté s'est quant à elle déclarée "furieuse" contre le policier, fustigeant des "des propos inqualifiables qui n'ont pas leur place dans la police". "Je refuse que ce type de comportement mette ce travail par terre et entrave le lien de confiance entre les femmes et les forces de l'ordre", a-t-elle déclaré. 

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