Damien Abad : pourquoi, "en l'état", le parquet de Paris n'ouvre pas d'enquête contre le ministre

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Damien Abad : pourquoi, "en l'état", le parquet de Paris n'ouvre pas d'enquête contre le ministre

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Damien Abad à Nîmes, le 9 septembre 2021.
Damien Abad à Nîmes, le 9 septembre 2021.
© AFP - PASCAL GUYOT

Le parquet de Paris a fait savoir mercredi qu'il n'ouvrait pas d'enquête préliminaire "en l'état" sur les accusations de violences sexuelles qui visent le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad, expliquant ne pas pouvoir auditionner la plaignante car elle a témoigné anonymement.

Pas d'enquête préliminaire "en l'état". Le parquet de Paris a annoncé mercredi qu'il n'ouvrait pas d'enquête pour le moment sur les accusations de violences sexuelles qui visent le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad, précisant ne pas avoir "d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés""Le parquet de Paris ne donne pas de suite au courrier émanant de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles", une association créée dans le sillage du mouvement #MeToo, qui lui a transmis le témoignage d'une femme accusant M. Abad de viol. "Faute d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés et, dès lors, faute de possibilité de procéder à son audition circonstanciée" , a précisé le parquet.

Mais cette annonce du parquet de Paris ne veut pas dire qu'une enquête ne sera pas ouverte à l'avenir. En fait, la décision prise par le parquet de Paris s'inscrit dans la politique pénale mise en place depuis quelques années en matière de violences sexuelles. Une enquête est systématiquement ouverte dès lors qu'une victime est mineure au moment des faits évoqués, même en l'absence de plainte. Mais si les faits concernent des majeurs, le parquet se réserve la possibilité d'ouvrir une enquête uniquement si une plainte est déposée. Dans le cas de ce témoignage qui accuse Damien Abad de viol, la victime n'est pas connue et n'a pas déposé plainte.

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"Black-out" après avoir bu "une coupe" de champagne

Une femme présentée sous le prénom d'emprunt de Chloé, 41 ans, a  raconté à Médiapart le viol qu'elle aurait subi en 2010, dans un article publié le lendemain de l'annonce du gouvernement d'Élisabeth Borne. Elle raconte que les faits se seraient déroulés un soir de l'automne 2021, lors d'une soirée pendant laquelle elle pense avoir été "droguée" après avoir bu "une coupe" de champagne dans un bar du IXe arrondissement de Paris, en compagnie du député Abad et désormais ministre. Chloé assure avoir fait un "black-out", et s'être réveillée le lendemain matin "dans une chambre d'hôtel", "en sous-vêtements", le corps "courbaturé et douloureux".

Une autre femme témoigne dans cet article : Margaux, âgée de 35 ans, qui a porté plainte deux fois, en 2012 et 2017. Deux plaintes classées sans suite, la première fois du fait de la "carence de la plaignante", la seconde faute d' "infraction suffisamment caractérisée". "Je n'ai jamais violé une seule femme de ma vie", s'est défendu Damien Abad lundi.

Décision "étonnante"

Ce mercredi soir, après la précision du parquet de Paris, l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique s'étonne vivement de cette décision. "Nous précisions qu'il est pourtant fréquent que des enquêtes préliminaires soient entamées sur la base de témoignages anonyme", dit notamment le message posté sur le compte Twitter de l'observatoire. Ce même message de l'Observatoire précise que Chloé, dont le prénom a été modifié, ne se sent pas "capable de survivre à un tourbillon judiciaire destiné à blanchir [s]on violeur". Elle ne devrait donc pas lever son anonymat.

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